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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/311

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Derrière M. le lieutenant de roi et sa cour, une demi-douzaine de gens d’armes venaient.

Puis un nombre de témoins choisis parmi les notables de la contrée.

La chambre du deuil était déjà remplie à moitié, que le tribunal restait encore sur le seuil.

Et tous ceux qui étaient là, semblaient animés du même esprit de haine et de rancune contre cette lamentable créature qui avait été si puissante et si riche, qui avait excité tant d’étroites, tant d’implacables jalousies au temps de sa fortune, et qui était là, vautrée comme un gibier abattu dans la poussière, abandonnée du monde entier, et s’abandonnant elle-même.

M. le lieutenant de roi, parlant d’une voix éclatante, fit faire la haie militairement, et invita le tribunal à prendre place au premier rang. Le président et ses assesseurs entrèrent aussitôt d’un pas processionnel. La mise en scène était parfaite. Les juges se rangèrent en cercle au-devant de l’alcôve.

Le lieutenant de roi, Saint-Venant et Mathieu Barnabi se placèrent entre les deux lits.

— Qu’on amène cette femme ! ordonna le baron. Il faut que l’enquête soit contradictoire. C’est la loi.

Deux soldats prirent madame Éliane sous les aisselles et l’amenèrent. On lui donna un siège. Elle seule fut assise au milieu de cette foule qui se tenait debout.