Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/48

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tantôt l’oreille à la serrure de la grande antichambre.

Je cherchais en vain maître Roger. Celui-là est toujours par voies et par chemins, et Dieu sait qu’il ne mérite guère l’attention qu’on lui donne. En revanche, il y avait chambrée complète : tout le fretin de la cabale des Importants était là ; le pro-secrétaire de M. de Beauvais, Vignon ; l’homme de main de madame de Chevreuse ; le cadet de la Châtre et ton beau Gaëtan, qui suit la maison du président de Blanc-Mesnil, et certes, voilà un jeune gentilhomme qui a eu bien tort de se donner à un robin : si j’étais la reine, je le prendrais pour caracoler à la portière de mon carrosse. Tu souris ? Embrasse-moi. Je ne permets qu’à moi-même de dire que Roger n’est pas la perle des pages, mais Gaëtan vaut mieux que lui.

Il y avait encore le sieur conseiller Renaud de Saint-Venant avec sa figure d’ange de cire, M. le baron de Gondrin-Montespan qui est redevenu un seigneur pour avoir donné, dit on, au jeune duc de Beaufort sa première maîtresse, et cet original qu’on appelle « le More » à cause de sa longue barbe et de sa peau bronzée. Mon père l’a nommé devant moi le seigneur Estéban. Il est quelque chose dans la maison de don Manuel Pacheco, marquis de Villaréal, envoyé secret du roi Philippe IV d’Espagne.

Tu vois que je sais les choses comme il faut. Il y en a une pourtant que je ne sais pas, et tu vas me l’apprendre, toi qui as étudié. Qu’est-ce que c’est que madame Messaline ?