Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/49

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— Messaline ! répéta Pola étonnée. C’était la femme de l’empereur Claude.

— Elle est donc morte ?

— Certes, depuis longtemps.

— Et il y avait quelque chose à redire à sa conduite ?

— Son nom est resté synonyme d’infamie effrontée.

— C’est donc cela ! fit Mélise, soulagée comme si on lui eût fourni le mot d’une énigme. La première phrase que j’entendis, et c’était le baron de Gondrin qui la prononçait, fut celle-ci : « Je vais vous raconter au sujet de cette Messaline, une histoire choisie entre mille, et qui vous donnera une idée de sa honteuse hypocrisie… »

— C’était de ma mère qu’il parlait ! murmura Pola plus pâle qu’une morte.

— Oui ; mais sur mon salut, tout le monde protestait en disant : « Madame la comtesse de Pardaillan est une sainte ! »

— Et M. de Saint-Venant le premier, n’est-ce pas ?

— Oh ! répliqua Mélise avec ce sourire moqueur qui la faisait si jolie, M. de Saint-Venant est un prudent magistrat. Il jeta son feutre sous son bras, remit ses gants à franges et prit la porte.

— Un si vieil ami de la famille ! pensa tout haut Pola.

— Mon père dirait un si vieil ennemi ! riposta Mélise. Pauvre bon père ! Il a bien de la sagesse quand on ne le prend pas à jeun. M. de Gondrin-Montespan raconta donc l’histoire de cette Messaline de Rivière-le-Duc, telle que je te l’ai dite,