Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/111

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voix pénétrante et douce, à la première fois que nous entendîmes ce chant… Vous souvenez-vous, René ?… Ce fut notre Louis qui nous l’apporta du pays de Vannes.

Sous la paupière baissée de Madame, une larme furtive se cachait.

— C’était, en ce temps-là, une heureuse famille que celle de notre père, mon neveu René, reprit l’oncle ; comme Louis vous aimait tendrement !… et qu’il faisait bon vous voir ensemble tous deux, beaux, forts, joyeux !

Le poing fermé du maître de Penhoël, frappant la table avec violence, fit danser cartes et jetons.

— Encore !… s’écria-t-il ; veut-on me donner la fièvre chaude ?… Taisez-vous, petites filles !… votre musique me fait mal !

Cyprienne et Diane obéirent aussitôt. On n’entendit plus dans le salon que le bruit de la tempête qui grandissait au dehors.

La porte s’ouvrit, et un domestique, costume de paysan, parut sur le seuil.

Maître le Hivain eut un instant l’espoir légitime de voir les tribulations de cette soirée se terminer enfin par l’annonce du souper.

— Notre monsieur, dit le domestique, c’est le petit du meunier des Houssayes qui est venu en courant depuis le barrage.