Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/188

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Ils demeurèrent longtemps ainsi sans échanger une parole.

Les grands yeux bleus de l’oncle Jean, fixés sur sa nièce avec mélancolie, disaient une pitié profonde et un amour de père.

Au bout de quelques minutes, deux larmes silencieuses roulèrent sur la joue de Madame.

Le vieillard lui prit la main et la pressa contre son cœur.

— Marthe !… murmura-t-il, ma pauvre Marthe !… que de bonheur perdu !…

— Pour toujours !… balbutia la jeune femme tout en pleurs.

Le vieillard sembla chercher une parole de consolation, mais peut-être n’y avait-il point de consolation possible. Il appuya son front découragé sur sa main.

— Et que de menaces encore dans l’avenir !… reprit Madame avec désespoir.

L’oncle releva sur elle son œil inquiet.

— Vous ne savez pas, reprit Marthe, cet homme me fait peur !

— Pourquoi ?

— Il m’a parlé tout bas… et peut-être sait-il…

Le vieillard eut un sourire confiant.

— C’est un noble cœur que celui de notre Louis ! dit-il, et il est des secrets qu’on ne dit qu’à Dieu seul !

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