Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/35

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s’enchevêtrait en des nœuds nouveaux et inextricables.

Elle saisit une paire de ciseaux sur la cheminée et trancha le lacet.

Les flancs de l’Ange bondirent, débarrassés de la pression qui les étranglait. Elle poussa un cri de bien-être.

Le corset, détendu, s’était retiré à droite et à gauche, et cachait maintenant ses baleines jusque sous l’étoffe de sa robe.

— Oh ! tu avais raison, mère, dit Blanche soulagée tout à coup ; c’était ce vilain corset qui me faisait souffrir… Il me semble, à présent, que je suis dans le paradis !

Elle respirait avec délices.

L’œil de Madame se fixait avidement sur les reins de sa fille, où les plis de la chemise demeuraient aplatis et collés en quelque sorte à la chair, endolorie par la récente pression des baleines. Puis son regard mesura l’écartement des deux parties du corset, comme si elle eût voulu se rendre compte de la force soudaine qui les avait séparées.

Tout à l’heure, lorsque sa robe était encore agrafée, Blanche gardait la taille d’une jeune fille ; mais cette apparence de juvénile finesse était due tout entière au moule élastique qui modelait ses reins.