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Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/271

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CHAPITRE XVI.

gardant toujours le ton de la prière ; nous sommes jeunes, riches, nobles…

— Et qu’importe tout cela ? s’écria le chevalier Léon qui n’avait encore rien dit, nous vous aimons, madame… nous vous aimons… Et moi, je passerais ma vie à être votre esclave.

— En voilà un qui fait fausse route, pensa Thérèse ; l’autre est beaucoup plus fort !

Édouard jeta sur son frère un regard jaloux.

— Penses-tu donc aimer plus que moi ?… s’écria-t-il ; si je parle de ma fortune et de mon nom, c’est pour les mettre à vos pieds, madame, ajouta-t-il en se tournant vers Lola ; je voudrais doubler, tripler, centupler mes cent mille livres de rente, pour que vous fussiez puissante comme une déesse et pour voir vos caprices devenir la loi du monde !

— Parlez-moi de celui-là !… se dit Thérèse, ça va se terminer agréablement, j’en suis sûre !

La physionomie de Lola, qui s’adoucissait à vue d’œil, permettait vraiment cet espoir.

Pourtant, on ne pouvait décemment céder ainsi à la première sommation ; il fallait garder au moins les honneurs de la guerre.

Lola changea de tactique, et se prit à sourire.

— Messieurs, dit-elle, la gageure était difficile, et vous vous en êtes assez galamment tirés pour votre âge… Vos amis vous attendent sans