Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 5, 1850.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
CHAPITRE XVII.

Mais ses jambes étaient transies par le froid, et c’est à peine s’il put reculer de quelques pas en chancelant.

Robert s’avança vers lui en souriant avec bonhomie, et lui tendit la main.

— Pardieu ! M. de Penhoël, dit-il, je ne m’attendais guère à cette rencontre… Mais quel air effarouché vous avez là !… Vous ne me reconnaissez pas ?

M. de Blois !… balbutia Vincent.

Il ne se hâtait point d’accepter la main qu’on lui offrait ; mais son regard n’exprimait pas non plus une répugnance bien décidée.

Vincent ignorait, en effet, la part que cet homme avait prise à la ruine de Penhoël. Un soir, si le lecteur s’en souvient, le fils de l’oncle Jean avait traversé le passage de Port-Corbeau et gagné la loge de Benoît Haligan.

Là on lui avait dit :

— René de Penhoël, et Madame et ton père ont été chassés du manoir ; tes sœurs sont mortes ; Blanche a été enlevée.

Et il était reparti comme un homme frappé de folie.

Depuis lors il n’avait pas entendu prononcer une seule fois le nom de Penhoël.

Il avait réfléchi bien souvent, tantôt révoquant en doute les paroles du vieux Benoît,