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CHAPITRE XX.

lettre arrivant au milieu de cette misère abandonnée.

L’oncle Jean lui baisa les deux mains.

— Je vais sortir, ma fille…, dit-il, courage ! Dieu aura pitié de nous.

Marthe secoua la tête et baissa les yeux. Elle n’interrogea point. Elle n’avait plus la force d’être curieuse.

L’oncle prit son chapeau de paysan et s’éloigna.

Marthe était seule avec le maître de Penhoël. Pareille circonstance ne s’était pas présentée une seule fois depuis leur départ du manoir ; il y avait toujours eu entre eux soit l’oncle Jean, soit le pauvre père Géraud.

Durant les deux mois qui venaient de s’écouler, personne n’avait jamais fait allusion à cette scène de violence sauvage qui avait eu lieu dans le grand salon de Penhoël au moment du départ.

René semblait l’avoir oubliée, Marthe ne voulait point s’en souvenir.

Quant à l’oncle Jean, il avait exercé longtemps sur Penhoël une surveillance active et cachée ; mais, depuis quelques semaines, cette surveillance s’était peu à peu ralentie. Tout semblait mort chez René, jusqu’à la colère, et il suffisait de le voir de près pour acquérir la cer-