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— Viens donc, répondit une douce voix qui parlait avec précaution.

Phatmi qui crut encore rêver avança la tête et regarda.

Il y avait une bougie allumée sur la table de nuit de la princesse-marquise, et sa lumière arrachait des étincelles aux instruments tout neufs de la trousse, ouverte au pied du flambeau : la trousse de M. de Sampierre.

Domenica, assise sur son lit, un peu pâle, mais souriante, tenait un petit enfant dans ses bras.

Elle le berçait, emmaillotté qu’il était déjà.

La figure de l’enfant était tout contre ses lèvres.

Devant le lit, par terre, le marquis Giammaria était étendu tout de son long à la renverse.

La princesse-marquise répéta non sans impatience :

— Viens donc, Phatmi, je ne peux pas parler trop haut, je l’éveillerais… Pas mon mari, l’enfant, mon petit Domenico chéri.

Elle ajouta, comme la Tzigane approchait :

— N’aie pas peur, tu vois bien que mon mari est mort.

La Tzigane lui jeta un regard tout plein de soupçonneux effroi.

— Oh ! fit Domenica avec cet accent enfantin qu’elle ne devait jamais perdre, ce n’est pas moi qui ai fait cela. Le bon Dieu l’a puni parce qu’il voulait tuer son petit garçon.

Son petit garçon ! répéta Phatmi dont le visage s’éclaira.