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Le cabinet du marquis, large salle à l’ameublement sévère, restait froid malgré la brûlante chaleur qui régnait au dehors. Par les interstices des rideaux rabattus, on apercevait les beaux arbres d’un jardin.

Tout un côté du caractère du maître était révélé par les objets qui l’entouraient : un grand piano, chargé de musique savante dont les cahiers laissaient lire çà et là les noms de Reicha, de Porpora et de S. Bach, un bureau couvert de livres de philosophie, de mathématiques et de médecine, des instruments de physique, une statuette ébauchée, une toile sur son chevalet, présentant l’esquisse d’un portrait de la marquise, avec un petit enfant dans ses bras.

Sur trois côtés de la pièce, une bibliothèque régnait ; deux pupitres à hauteur d’homme soutenaient des atlas ouverts : l’un de géographie, l’autre d’anatomie, et une énorme sphère céleste tournait sur son pivot entre les deux croisées. Une portière à demi soulevée laissait voir l’intérieur d’une chapelle.

Le comte Pernola, en costume de ville élégant et même assez coquet, était assis auprès du piano. Il tenait à la main une lettre dépliée et semblait la lire fort attentivement. M. de Sampierre se promenait de long en large, vêtu d’une dalmatique de velours noir qui était sa robe de chambre. Il s’arrêtait de temps en temps, soit devant la statuette, soit devant le portrait, donnant un coup d’ébauchoir à l’une, un coup de pinceau à l’autre. Quand sa route le rapprochait du piano, il frappait quelques accords et prenait le soin de les noter ensuite religieusement.