Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/101

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Il était distrait d’une façon chronique, une idée le tenait ; il semblait qu’une portion de lui-même fût toujours absente.

C’est encore là un trait de physionomie parisien par excellence, et je vous défie d’aller de l’ancien au nouvel Opéra sans croiser cinquante fois sur votre passage ce vague sourire des gens dont la pensée ne reste pas chez elle.

— Où est ma fille ? demanda Vincent coupant court un peu brusquement à la consultation décorative des deux bonnes dames. Je n’ai qu’une minute pour l’embrasser.

— Vous êtes si occupé ! répondit la sœur Saint-Charles. Quelle réputation !

— Si demandé ! ajouta la sœur Saint-Paul. Quelle belle carrière ! Notre petite Irène ne joue pas assez, voilà le seul reproche que nous ayons à lui faire. Elle utilise ses récréations pour se perfectionner dans l’étude de la langue italienne en causant avec notre chère assistante, la mère Marie-de-Grâce, qui nous est venue de Rome et dirige la musique de notre chapelle. Tenez ! les voilà ensemble justement toutes les deux au bout de la grande allée. Nous allons vous conduire.

— Non, interrompit Carpentier, qui salua et se dégagea. J’aurai plutôt fait de les rejoindre.

Les deux bonnes dames n’osèrent insister, mais leurs voix mariées en un duo de bénédictions le sui-