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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/114

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— De votre vie à vous ? s’écria Irène effrayée.

— De notre vie à tous ! répondit Vincent, dont le regard inquiet interrogea les alentours.

L’allée était déserte, mais un bruit léger se fit dans un massif de verdure situé à quelques pas du banc.

Carpentier eut un mouvement comme pour s’élancer de ce côté. Il se retint et demanda tout bas :

— Je n’ai rien dit, n’est-ce pas ? Rien de positif ?

— Absolument rien, mon père, répondit Irène, sans cacher sa surprise. Qu’avez-vous donc ? Jamais je ne vous avais vu ainsi.

Vincent fixait toujours ses yeux sur le massif.

— C’est le vent qui agitait les feuilles, dit-il. Remercie Dieu de ne rien savoir. Moi-même, j’ignore tout. Tant mieux ! c’est notre salut. L’ignorance est d’or !

Il se leva pour la seconde fois. Quelque chose d’égaré était en lui.

— Voilà pourquoi, murmura-t-il, Reynier n’est pas avec moi à la maison. Je lui avais fait faire un atelier au second. C’était mon rêve de vivre nous trois, car le voilà grande, et tu vas bientôt nous revenir…

— Oh ! père ! interrompit Irène, qui se jeta à son cou.