Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/126

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Ils se redressèrent tous deux et Similor répondit :

— C’est pas pour les cinquante sous de la pose que l’artiste acquiert la faculté d’insolenter ses modèles. Un jeune homme et son ami, dans des moments de gêne, peuvent ceci et cela, mais jamais se vendre au gouvernement !

Échalot mit la main sur son cœur pour en prendre à témoin la pureté, mais il murmura :

— En plus qu’on vous envoie dinguer quand on n’a pas de protections à la préfecture.

— Couple indigent, mais vertueux, dit Reynier, recevez mes excuses et la promesse d’un pourboire. À vous, seigneur Similor, on demande votre fémur. Je vous étonnerais bien, si je vous disais qu’il y a aussi des Habits-Noirs en Italie.

— Parbleu ! firent ensemble les deux modèles, nous le savons bien !

Et comme Reynier interrogeait du regard, Similor ajouta avec une singulière emphase :

— Puisque c’est là qu’est le trésor !

Reynier cessa de peindre.

Similor, tout glorieux de l’attention excitée, continua :

— Des mille, des cents, des blocs, des lingots et monnaies, que les tonneaux de la Banque sont des minuties à côté, puisque ça n’a jamais cessé de s’amonceler depuis le temps où le Père-à-Tous était