Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/129

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— Pas de danger qu’on la reconnaisse au Prado, celle-là, dit encore Similor.

— J’ai idée que c’est une bourgeoise calée ou marquise, répondit Échalot. Le petit peintre est un mignon garçon qui doit faire des caprices à volonté.

Similor haussa les épaules et arrangea ses cheveux jaunes devant un tesson de verre qu’il portait toujours sur lui dans du papier.

La porte du fond, ouverte, donna passage à une femme de riche taille, vêtue de noir, et dont le visage disparaissait complètement sous un voile, formé de plusieurs dentelles superposées, de manière à intercepter le regard comme le masque le plus épais.

— J’en ai fréquenté de plus avantageuses, dit Similor, qui attrapa au vol la pièce de cent sous que Reynier lui lançait. À vous revoir, patron, merci.

Il ajouta en poussant Échalot dehors, par la porte principale, et non sans darder vers l’inconnue une œillade effrontément burlesque :

— Filons, ma vieille ! Une pratique est bientôt perdue quand l’artiste s’aperçoit qu’on est remarqué par sa dame à son préjudice.