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de mystérieux rayonnements qui passent à travers le plus opaque des voiles.

La taille, délicieuse sous la toilette de ville, promettait…

Mais pourquoi supposer ? Il y avait le tableau qui parlait. La gorge de Vénus rendait un éclatant témoignage. Un soldat seul, abêti par le fer, peut blasphémer de si exquises perfections.

Mais comme Vénus aussi se venge sur les soldats !

D’ordinaire, à l’âge de Reynier, un peintre devient fou pour beaucoup moins que cela.

Et pourtant Reynier, qui n’avait l’air ni d’un blasé ni d’un mauvais sujet, gardait en vérité toute sa tête au milieu de cette triomphante aventure.

C’était un drôle de garçon, bon enfant, spirituel à sa manière, n’ayant aucune prétention au titre de héros, et capable peut-être de passer, sans se piquer, au travers des broussailles d’un gros drame, grâce à sa brave bonne humeur.

Il avait mené jusqu’alors sa vie rondement et honnêtement, acceptant les aventures quand elles venaient, mais ne les cherchant point ; ambitieux dans la mesure exacte de sa force, ce qui est rare ; laborieux, plein d’espoir, dominé par une passion unique qui semblait être son existence même.

Une passion douce et forte, plus forte que les passions nourries de violence, plus durable du moins.