Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/159

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— Monte vite. Il fait jour là-bas. Les maîtres sont en train de rire.

Guidé par la voix, je fis quelques pas et mon pied heurta les marches d’un escalier. En haut, la vieille chantait un refrain de France, et cela me donnait espoir d’être bien accueilli.

Je me demandais en quel endroit il pouvait faire jour par une semblable nuit.

Je crus que je ne pourrais jamais monter, tant la fatigue et le froid exaspéraient ma souffrance. Mon corps n’était qu’une contusion et je perdais mon sang par plusieurs blessures que la dent du roc m’avait faites.

Mais au tournant de l’escalier, je fus tout réconforté par la vue de la lumière qui projetait son reflet sur la muraille blanchie à la chaux. Je pris mon élan et je vins tomber au milieu d’une assez grande chambre, qui avait un lit à colonnes, avec des rideaux de laine verte.

La vieille était en train de faire le lit.

Quand elle se retourna au bruit de ma chute, je vis une figure ridée et ravagée qui me serra le cœur comme l’aspect d’un être privé de raison.

Elle avait des yeux bordés de rouge, mais qui étaient clairs en dedans. Ses cheveux gris se hérissaient sur son crâne.

Elle resta un instant stupéfaite à me regarder.

— Ce n’est pas le Marchef ! balbutia-t-elle. Il aura