Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/171

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— Allumez une flambée, Bamboche, dit le marchef au lieu de répondre : je grelotte.

Tous ses membres, en effet, tremblaient, et l’on entendait le claquement de ses dents.

La vieille qu’on appelait Bamboche, jeta une brassée de sarments dans le foyer.

— Et c’est le fils qui a frappé ? demanda-t-elle encore.

Je regardai cet homme à encolure de buffle, affaissé sur lui-même et frémissant comme une femmelette que cherche une crise de nerfs. Il répondit :

— Le marquis Coriolan avait essayé de m’embaucher, mais je ne me mettrai jamais contre le Père à Tous. J’aimerais mieux affronter Satan. J’ai promis de n’être ni pour ni contre, et de laisser faire. Alors le Coriolan s’est adressé à Giam-Paolo, le Sicilien, au prêtre français et à Nicolas Smith, le voleur de Londres. Le jeune comte Julian, son frère, devait être de la partie, mais ils se sont disputés : Julian voulait la moitié du trésor. Coriolan n’en voulait donner que le quart, à cause de son droit d’aînesse : on a joué du couteau la nuit dernière et Julian est à Sartène, avec un coup de stylet dans les côtes. Donne-moi à manger, la faim me vient à mesure que je me réchauffe.

Il fit rouler son escabelle vers la table où, sans doute, sa compagne lui servit les restes de mon sou-