Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/172

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per. Je cessai de le voir. Il n’y avait plus en face de moi que le portrait du vieillard dont les rides souriaient sarcastiquement.

Mais je continuai d’entendre parler le marchef pendant que ses mâchoires broyaient la nourriture avec bruit comme les dents d’un gros chien.

Puis-je dire que j’écoutais ? Mon état général était une sorte de somnolence où il y avait de la fièvre.

Tout mon corps brûlait par la réaction du froid que j’avais eu.

Je comprenais ou plutôt je devinais confusément le rébus lugubre dont les signes se déroulaient dans mon demi-rêve.

Ce fut seulement plus tard que toutes ces choses me revinrent en mémoire, éclairées par une lumière tout autre, qui les grava profondément dans mon souvenir.

— Quand même le Julian mourrait de sa blessure, dit la vieille Bamboche, la besogne du marquis Coriolan n’est pas finie. Le Julian avait eu un fils de Zorali, la Gitanette. Zorah emporta l’enfant, mais les petits de cette race là ne se perdent jamais. L’enfant reviendra donner son coup de couteau, quand l’heure aura sonné.

Le marchef répliqua :

— Tu te trompes. La besogne du marquis Coriolan est finie, et bien finie. N’as tu rien entendu d’extraordinaire, cette nuit ?