Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Père et ses convives descendaient en effet du Couvent-Neuf, précédés par les porteurs de torches.

Les conjurés ouvrirent toute grande la porte du tourillon et mirent le couteau à la main.

Cependant le Père atteignait la dernière fenêtre de la galerie. Il n’était plus qu’à dix pas de la mort. Il s’arrêta pour écouter la tempête qui hurlait derrière les châssis désemparés.

Tous les vitraux de la fenêtre étaient brisés depuis bien longtemps. Rien n’empêchait de regarder au dehors. Le Père dit :

— Levez les torches. J’aime à voir le vent secouer les chevelures de lierre qui pendent aux ruines. Si le hasard nous faisait fête d’un éboulement pour saluer notre passage ?

Les torches furent levées, mais leurs flammes, tordues par le vent, n’éclairèrent rien, sinon le renflement du tourillon voisin.

Le vieux riait comme il sait rire quelquefois aux heures terribles.

Et l’éboulement demandé se fit, car les torches levées étaient un signal.

La tourille chancela sur sa base, puis s’abîma sans produire autre chose qu’un sourd fracas, perdu dans les antres bruits de la tempête.

— Merci ! dit le Père. Mes enfants, poursuivons notre route.