Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/179

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Le marchef ne répondit pas et repoussa bruyamment son siège.

— À la niche, caniche ! dit-il en se levant. On est bien bête de se faire du mal pour si peu de chose. Qu’ils s’arrangent entre eux, ce sont leurs affaires.

Je recommençai à le voir. Il me présentait de dos la carrure herculéenne de ses épaules et fixait les yeux sur le portrait du vieillard.

Il fit signe à la vieille, qui vint auprès de lui, et tous deux se mirent à regarder alternativement, en silence, l’aïeul, puis le petit-fils.

— Le vieux a l’air de se moquer, grommela enfin Bamboche.

— Et le jeune semble dire, répliqua le marchef : Rira bien qui rira le dernier !

— S’il est mort, pourtant ?

— Est-ce qu’ils meurent ! fit le bandit qui haussa les épaules. Ils vont faire un tour chez Satan, puis ils remontent.

Une pensée surgit on lui soudain et il se frappa le front.

— Bon ! fit-il ! j’allais oublier le principal. Fais la couverture et bassine le lit bien chaud. Le maître m’a chargé de te dire qu’il ne veillerait pas beaucoup cette nuit, et qu’il se coucherait à la belle heure… Écoute !