Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/208

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Son mouchoir, déjà baigné, essuya la sueur de ses tempes.

La comtesse Marguerite drapa son châle sur ses épaules.

— Faites arrêter, dit-elle, je suis arrivée.

On était sur la place de l’ancien Château-d’Eau, devant le Palais-Royal.

Carpentier mit un certain empressement à obéir.

La brune venait. La comtesse reprit son ton de grande dame qui, en vérité, lui allait à ravir.

— Vous voilà débarrassé de moi, cher monsieur, dit-elle en ouvrant elle-même la portière du coupé. Je vous apportais la sécurité avec la fortune, car je ne tremble pas, moi, quand même il s’agit de Satan. Satan me connaît et compte avec moi. Vous m’avez repoussée. Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous.

— Croyez, madame, voulut interrompre l’architecte, que je ne révélerai à âme qui vive…

Elle ne le laissa pas achever.

— Je vous tiens quitte de votre discrétion, continua-t-elle. Dites seulement à un vieil homme que je soupçonne être de votre connaissance, et qui, au lieu de coucher honnêtement dans son lit, a loué une mansarde rue des Moineaux, sur les derrières de l’hôtel Bozzo, qu’un malheur est bien vite arrivé à son âge. Il a trouvé ce qu’il cherchait, ce vieil homme : c’est le moment critique. Adieu !