Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

point de la façade le plus éloigné de la petite rue des Moineaux, avec laquelle une porte basse faisait communiquer le jardin, non loin de ce laboratoire où les patrons du Gagne-Petit font des montagnes d’or avec des myriamètres de calicot.

Il n’y a pas vingt ans que le mur gris et borgne de ce jardin, qui mesurait une quarantaine de pieds à peine, a été remplacé par une maison de rapport.

L’œil de Vincent Carpentier restait fixé sur le point rouge comme si une fascination l’y eût cloué.

Auprès de lui, un beau grand chien danois dormait la tête entre ses pattes.

À l’autre bout de la table, partie sur la table même, partie sur un fauteuil placé tout contre, il y avait un assemblage bizarre de vêtements usés et souillés : un vieux pantalon, une houppelande déchirée, une casquette de loutre, un garde-vue vert et des lunettes à oreilles avec un grand manteau.

Ces haillons, c’était la première idée qui venait, formaient un déguisement.

Le manteau avait pour destination de couvrir le déguisé au moment où il sortait de l’hôtel.

C’est la chose difficile : sortir de chez soi.

Vincent Carpentier laissait sa fille au couvent, même pendant les vacances, et reléguait l’atelier de son fils d’adoption à l’autre extrémité de la ville, mais personne n’est sans avoir une paire d’yeux qui l’épie au seuil de sa propre maison.