Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/215

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Vincent Carpentier n’avait pu supprimer ni son concierge ni son valet de chambre.

Il avait même un valet de chambre fort remarquable et dont nous reparlerons.

Mais à quoi pouvait lui servir ce déguisement ?

Le timbre de la pendule vibra longtemps dans l’air sonore, car le salon était vide de tout bruit.

Vincent avait une de ses mains appuyée sur le plan pour le maintenir, l’autre se crispait dans ses cheveux.

— Est-il encore temps de fuir ? se demanda-t-il.

Et le son de sa propre voix sembla l’épouvanter.

— C’est la mort, reprit-il plus bas, je n’ai pas à douter de cela, c’est la mort sans rémission ni pitié. Ils s’égorgent entre eux, les pères et les enfants, comme on suit une tradition de famille. C’est leur loi. Aucun d’eux n’a jamais faibli entre la voix du sang et l’appel de l’or. Comment épargneraient-ils un étranger ?

Il se leva chancelant, et si défait, qu’on aurait pu le croire épuisé par une longue maladie.

Le grand chien danois fit comme lui, et se mit sur ses pieds.

Le salon avait deux portes. Vincent alla successivement à l’une et à l’autre pour en éprouver la fermeture, puis il dit amèrement :

— Je suis bien gardé, mais la mort est comme