Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le sommeil l’accablait. Il résista au sommeil.

Ce fut en pure perte, car il ne vit rien, ni derrière les fenêtres closes de l’hôtel, ni dans le jardin, ni sur le mur, ni dans la rue.

À l’aube, quoiqu’il fût rendu de fatigue, il ne prit point, comme de coutume, le chemin de son logis. Il attendit que le jour fût grand, et disposa sa longue-vue de manière à scruter chacune des pierres qui composaient la muraille extérieure de l’hôtel Bozzo.

Son examen fut d’abord inutile, mais ceux qui marchent guidés par le calcul sont lents à se décourager. Quand l’équation résolue a dit : telle chose est, il faut que la chose soit.

Nouveau monde, planète ou maçonnerie masquant la place où était une porte, les chiffres ont rendu l’oracle. Défiez-vous de vos sens, tant que vous voudrez, mais non des chiffres, — et continuez de chercher. Si vous êtes Colomb, vous trouverez l’Amérique.

Les chiffres ne mentent jamais.

C’était un chef-d’œuvre que la façon dont cette porte avait été bouchée. On avait trouvé, je ne sais où, de grandes vieilles pierres, taillées sous les premiers Valois. On les avait assemblées selon l’art du moyen-âge, on les avait souillées, rongées, ridées, vermoulues avec un soin méticuleux, de telle sorte que, l’humidité de quatre ou cinq ans aidant à la