Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/239

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perfection du travail, la suture était devenue invisible pour les yeux les mieux exercés.

Mais la longue-vue était bonne, et Vincent Carpentier avait été maçon.

Il savait regarder les murailles comme un détectif habile examine le visage grimé d’un suspect.

Quand son œil quitta le petit bout de la lorgnette, après un travail acharné, il avait délimité un carré long qui semblait plus vieux que le restant de la muraille, et qui faisait tache, imperceptiblement il est vrai, par excès d’antiquité.

Vincent essuya la sueur de son front et se dit :

— La porte est où elle doit être. Restent deux choses : 1o savoir si c’est bien le colonel qui voyage la nuit, et 2o jeter ce curieux hors de mon chemin.

Le curieux, c’était le loup qu’il fallait tuer : ce jeune homme qui avait des traits de marbre blanc sous ses cheveux de jais.

Vincent s’étendit sur le lit pour attendre la nuit, car il lui fallait les ténèbres pour regagner sa maison. En plein jour, un déguisement comme le sien ne trompe personne et attire au contraire tous les regards. Malgré sa lassitude, il ne put fermer l’œil.

En rentrant chez lui, il trouva parmi sa correspondance deux lettres que nous devons mentionner.