Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que plus grande. Je chercherai, je trouverai. N’ai-je pas fait mes preuves ? Seul et pauvre, j’ai cherché, j’ai trouvé. Quel problème me résistera quand je posséderai la clé d’or et une armée ?

Il se leva. Une sorte de calme succéda à son agitation.

Il se mit à marcher d’un pas mesuré. Et comme sa promenade le conduisit devant une glace, il y regarda son image.

Cela le fit reculer, tant l’altération de ses traits était frappante, et, comme si quelqu’un lui eût crié : « Tu mens, » il balbutia :

— Non, je ne mens pas ! je n’ai aucune passion, aucun désir. Dans l’univers entier je ne vois rien que je pusse acheter avec, cette prodigieuse richesse. Pour les deux enfants, c’est vrai, j’ai rêvé l’opulence sans bornes, mais je ne sais plus si c’est mon envie, parce que le bonheur semble s’éloigner de ces demeures si riches. Il y a un démon dans l’or. Je ne veux rien… non ! rien !

— Mais je veux tout ! s’écria-t-il en relevant la tête. Je mourrais avant de partager ! Dieu m’a donné cela, à moi tout seul, pour que je rende justice. Et Dieu me punirait si je manquais de courage à l’heure de la suprême bataille. C’est aujourd’hui le grand jour, mon instinct me le crie, et mon instinct ne m’a jamais trompé. Le colonel a découvert mon secret, que lui coûtera un meurtre de plus ? Et les