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Oh ! les bonnes nuits de décembre, les nuits de seize heures, les frimas qui emplissent les maisons, le verglas qui vide les rues ! Été maudit, saison des fainéants, bonne tout au plus à mûrir le pain et le vin qu’on achète avec l’argent d’autrui !

En été, les voleurs les plus sérieux se voient réduits parfois à l’ignoble profession de filou.

Vincent Carpentier, l’artiste heureux, au porte-monnaie bien garni dans la poche de sa redingote élégante, regrettait, lui aussi, les longues nuits. Il était gêné par tout ce bruit et tout ce mouvement.

Chose assurément singulière, au milieu de cette foule rieuse, éveillée comme un panier de souris, il était seul peut-être à porter sous ses vêtements des outils d’hiver.

Si on l’eût fouillé (mais quelle apparence ?) on aurait trouvé sur lui, outre une paire de pistolets, un fort couteau, une corde de soie munie d’un crochet et un instrument de fantaisie connu dans le meilleur monde sous son joli nom de monseigneur.

D’autres disent aussi rossignol. La langue des salons est riche jusqu’à l’opulence.

Mon Dieu, oui, Vincent cachait dans sa poche un passe-partout de serrurier sans diplôme.

Qui veut la fin, dit-on, veut les moyens.

M. Piquepuce n’était pas le seul homme de talent dont Vincent eût fait la connaissance. Nous aurions