Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/258

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pu rencontrer aussi chez lui, de temps en temps, un jeune garçon de jolie figure, faraud d’estaminet, l’un des meilleurs ouvriers de la maison Berthier et Cie (serrures à défense et caisses de sûreté), qui répondait au nom familier de Cocotte.

Cocotte avait fourni à Vincent le crochet emmanché d’une corde de soie pour chaperonner les murailles ; de plus, il lui avait enseigné l’art de tordre un fil de fer pour ouvrir n’importe quelle serrure ou cadenas.

Vincent, comme on le voit, ne s’était pas embarqué sans biscuit.

Si seulement le mois de janvier, si favorable à la besogne, eût remplacé tout à coup ce paresseux mois d’août, Vincent aurait eu la partie belle. Mais il connaissait son Paris ; il savait que, dans cette pauvre étroite rue des Moineaux, à tous les étages de toutes les maisons, toutes les fenêtres étaient maintenant grandes ouvertes, — respirant comme des carpes hors de l’eau, — et que sur le pas de toutes les portes les concierges humaient l’air fétide du ruisseau, sous prétexte de « prendre le frais. »

Il fallait attendre. Rien n’est énervant comme d’attendre quand on a pris d’autorité une résolution difficile.

Les meilleures courages succombent à cette épreuve, et tel qui, dans le premier moment, escaladerait un rempart, s’arrête au bout d’une heure, devant