Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/282

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pe à trois becs, en or massif, rehaussée de pierres précieuses, allumée et suspendue à la voûte.

Cette lampe avait la forme de celles qui brûlent nuit et jour devant l’autel de la Vierge dans les églises d’Italie.

On lui avait imposé cette apostasie d’entretenir le feu sacré dans le sanctuaire d’une autre religion.

Nuit et jour encore, elle éclairait cet antre où le démon de l’or avait son tabernacle.

Je ne sais comment dire cela. Les rayons de cette lampe, en touchant les yeux de Vincent, relevèrent ses paupières. Sa poitrine oppressée rendit un grand soupir. Tout son corps, depuis la plante des pieds jusqu’au sommet du crâne, se contracta sous l’effort d’un spasme qui le fit glisser en avant. Son cou se tendit, sa bouche devint béante.

— Allons, allons ! dit le colonel avec une évidente satisfaction, voilà le vil métal qui agit. Tu te sens mieux, ma vieille ?

Vincent ne répondit pas. Il restait comme écrasé sous le coup d’une fascination extatique.

— À la bonne heure, à la bonne heure ! fit encore le vieillard, tu ressuscites. L’or est un fier magnétiseur ! Et tu sais, bibi, tu ne vois ici que les bagatelles de la porte. Est-ce joli ? Est-ce bien arrangé ! Ah ! ah ! mon gars, c’est toi qui a creusé la coque, mais c’est moi qui ai disposé l’arrimage. Et je dis que c’est un chef-d’œuvre ! Il n’y a pas un centimètre