Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/295

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des professeurs, les gens de mon âge nient le progrès. Moi, pas si bête, je lui tends la main et j’en profite. De mon temps un trésor était ce que tu viens de voir : une chose splendide, mais inerte, improductive, je ne blâme pas du tout l’ancien trésor qui est le plus royal de tous les luxes, mais aussi le plus coûteux, je dis seulement qu’il faut en prendre et en laisser. Le siècle qui a inventé la vapeur, le télégraphe électrique et la photographie ne peut pas permettre à la richesse de sommeiller comme la Belle-au-bois-dormant. En bonne administration, pour satisfaire l’œil et le cœur, on doit garder des apparences, mais le gros de la fortune travaille. C’est le bon sens qui veut cela. Depuis quarante ans, sans fausses clés ni bris de serrures, j’ai plus que triplé ma grenouille en faisant d’honorables placements.

Il avait de ces mots familiers qui donnaient à son entretien une remarquable saveur.

Depuis le règne des caissiers qui grattent, le mot grenouille s’emploie, du reste, dans les bureaux les plus respectables.

Tout en parlant, le vieillard faisait tourner la clé dans la serrure, et le battant de fer roula bientôt sur ses gonds, laissant voir l’intérieur de la caisse.

La poitrine de Vincent rendit un long soupir, qui disait tout son désappointement.

Aucun rayon ne s’élança hors de ce carré sombre où étaient rangées des piles de papiers, marqués par