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Car il fallait cacher le corps, et Vincent craignait l’envahissement de l’alcôve.

Vincent avait fait des efforts inutiles pour se couler entre le lit et la boiserie ; l’épaisseur seule du rideau le protégeait contre les regards.

L’armoire était une garde-robe sans rayons : elle se trouvait vide, et cela se conçoit : le colonel ne venait ici que pour le trésor.

— Il y aurait, dit Julian sur le ton de la plus aimable humeur, assez de place pour en mettre une demi-douzaine comme lui, povero !

Il se retourna, prit le corps et le jeta sans effort dans le bas de l’armoire, où il arrangea les bras et les jambes du défunt pour pouvoir refermer.

Ensuite, il prit les différentes pièces de son propre costume, éparses sur le plancher, et les accrocha aux têtes du porte-manteau.

Ce ménage fait, il donna un tour à la serrure, et mit la clé dans la poche de la douillette.

La clé sonna contre la tabatière d’or du colonel.

— Sangodemi ! s’écria Julian, j’avais oublié la boîte ? c’est l’empereur de Russie qui m’en a fait cadeau, il y a soixante ans ! Un grain de tabac sur le bout du doigt. Il ne faut abuser de rien ; comme cela, on vit longtemps, mes chérubins… allons ! allons, à dodo ! Demain, j’ai deux amusettes pour tuer le temps ; sonder les murailles et emballer l’archi-