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ment, portant un plateau et accompagné du magnifique danois à la robe gris d’ardoise, mouchetée de taches noires, qui répondait au nom de César. On ne voit plus beaucoup de ces chiens danois qui étaient si beaux et si fiers.

Les éleveurs sont comme les jardiniers, qui, voulant créer (c’est leur mot), ont tué les bonnes poires pour engraisser les mauvaises.

Je ne sais rien de si beau ni de si détestable que les poires du progrès.

L’un de ces jardiniers, un fort, me disait l’autre été : « Qui donc au monde a encore des œillets ? »

Pensez-vous sonder les profondeurs de la bêtise humaine ! Je crains qu’ils n’assassinent un jour les roses pour enluminer les choux, disant alors, avec le cruel sourire de supériorité qui décore la science imbécile : « Qui donc au monde a encore des roses ? »

Le superbe danois se lança sur son maître, qui le repoussa d’un air maussade, et dit :

— La paix, César ! à bas !

— Bon ! fit à part Roblot en rangeant le déjeuner sur un guéridon, le vent a sauté. Nous sommes à la pluie.

De fait, le front de Vincent Carpentier se chargeait de nuages. La vue du comte Julian, car c’était bien le comte Julian qui était là-bas, sur l’échafau-