Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/363

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dage, fourré dans la peau du colonel, ravivait le feu éteint de ses blessures.

Cet homme avait donc réussi à tromper Fanchette elle-même ! Fanchette ! le seul être dont il craignît le regard ! Sa supercherie, si follement audacieuse, au premier aspect, allait donc avoir un succès complet !

Il était le Maître.

Et ce n’était pas, comme l’autre maître, un vieillard impotent.

Sous sa caducité feinte, il cachait des muscles d’acier.

Il n’avait pas besoin, celui-là, de bander les yeux d’un aide pour accomplir sa besogne. Son bras était bon. Avec une pioche bien emmanchée, en quelques heures de travail, il pouvait interroger à fond les murailles de la chambre du Trésor.

Une idée traversa la cervelle de Vincent : de la place où il était, un bon tireur, agenouillé et assurant le canon d’une carabine suisse sur le dossier d’une chaise, — pour éviter le tremblement de la main, — eût été à peu près sur de son coup.

Vincent eut cette vision qui fit sauter son cœur dans sa poitrine. Il vit le comte Julian chanceler sur l’échafaudage, frappé d’une balle en plein cœur, et tomber tête première au pied de l’hôtel en construction.