Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/365

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nous deux la bataille est commencée. Hier, il sera revenu dans la chambre du trésor. Au coin de l’alcôve, derrière le rideau, il aura trouvé la place où j’étais, toute rougie de mon sang, et la fenêtre ouverte, et au faîte du mur le crampon que je n’ai pu décrocher. Peut-être était-il chez moi dès cette nuit : sinon lui, quelqu’un à lui appartenant, parmi ceux qui marchaient et qui parlaient dans le corridor.

La clé tourna, la clé de l’armoire où était la carabine.

Le danois avait allongé sa langue, rouge et flexible comme la flamme d’un navire pavoisé. Il la trempa dans le potage dont il lampa une gorgée, qu’il trouva bonne.

L’armoire s’ouvrit. Vincent prit la boîte de cuir.

La carabine suisse montra sa crosse pesante, son canon noir qui luisait comme la peau d’un serpent.

César avalait le bouillon.

— J’étais fou, murmura Vincent, fou de croire que Paris veillait sur moi. Paris ne veille sur personne. Quand le coup est porté, Paris punit quelquefois celui qui a porté le coup, si celui-là attend qu’on le vienne prendre. Mais Paris n’empêche jamais de porter le coup, — la preuve c’est qu’il me suffirait en ce moment de viser juste pour casser la tête d’un