Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/399

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Sans toi, ma fille, dès ce temps là, j’aurais dit adieu à la vie.

Une expression d’épouvante vint dans le regard de l’enfant dont les traits se couvrirent de pâleur.

Vincent Carpentier secoua la tête et dit, répondant aux signes muets de cette terreur.

— Non, non, je ne songe pas à me tuer.

— Mais qu’y a-t-il donc, au nom de Dieu ! balbutia Irène dont les sanglots éclatèrent.

Vincent ouvrait la bouche pour répliquer, mais il se retint, et un nuage plus sombre descendit sur son front.

— Maintenant, murmura-t-il avec un découragement profond, je ne peux même plus te confier mon secret.

Il semblait perdu dans sa méditation désespérée.

Irène se laissa tomber sur un banc.

C’était le banc où nous la vîmes naguère assise auprès de cette femme qui venait d’Italie : la mère Marie-de-Grâce.

Vincent Carpentier se mit à la place même que l’Italienne occupait, ce jour-là.

Irène se taisait et pleurait.

— Aimes-tu encore Reynier ? demanda tout à coup Vincent.

— Comment n’aimerais-je pas mon frère ? répondit Irène.