Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elle n’est pas revenue, comment as-tu pu savoir qu’elle est partie pour toujours ?

— Pour longtemps, du moins, murmura la fillette : pour bien longtemps.

— Elle t’a écrit ?

Irène resta muette.

L’étoffe de sa robe noire, tendue par sa gorge naissante, présentait un pli presque imperceptible qui dessinait une sorte de carré long.

Le doigt de Vincent toucha cette place et il dit :

— Voici sa lettre.

La main d’Irène s’introduisit sous son corsage.

Elle en retira un papier plié en quatre et sans enveloppe.

Elle tendit le papier à son père, sans prononcer une parole.

Vincent ouvrit le billet. Sa main tremblait. Il lut ce qui suit :

« Chère petite sœur en J.-C.,

« Ma chère fille, plutôt, devrais-je dire, car j’ai l’âge d’être votre mère, je n’ai pu vous révéler le secret de ma famille auquel sont liées tant d’existences et qui se rattache à de si glorieuses destinées, mais je vous ai laissé deviner que ma vie entière, avec la volonté de Dieu, est consacrée à une grande œuvre, qui doit rendre au comte J., mon jeune frère, le rang occupé par nos ancêtres.