« À cette tâche j’ai déjà tout sacrifié, mes amitiés d’autrefois, ma fortune, ma patrie elle-même. Aujourd’hui, chère enfant, je fais plus : je porte au comble la somme de mes épreuves et je me déchire le cœur en m’éloignant de vous.
« Souvenez-vous de moi, pensez à moi, priez pour moi. L’Océan et son immensité vont nous séparer aujourd’hui. Demain la volonté de Dieu qui a créé l’Océan peut nous réunir. Je vous ai choisie entre toutes. Avez-vous deviné ma secrète espérance ?
« Souvenez-vous. Le comte J. est un grand cœur. La providence a ses voies profondes. Vous êtes la sœur de mon âme et je vous donne le baiser de paix.
« Au revoir. Vous recevrez de mes nouvelles avec les indications nécessaires pour diriger vers moi votre réponse.
« Votre amie dévouée.
Maria-di-Grazia. »
L’écriture de cette lettre était fine, mais hardie ; elle pouvait appartenir à un homme aussi bien qu’à une femme.
Au G du mot Grazia où la plume avait appuyé davantage un cheveu noir et très fin restait collé à l’encre desséchée.
Vincent lut par deux fois le contenu du billet.