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Son regard demeurait attaché à l’écriture par une sorte de fascination.

— Qui vous a remis cela ? demanda-t-il enfin.

— La personne qui a apporté à madame la supérieure le pli qui lui annonçait le départ de la Mère Marie. Ai-je commis une faute que vous ne me tutoyez plus ?

— Non, répondit Carpentier.

Puis il ajouta :

— Où est la mèche de cheveux ?

Le rouge monta aux joues d’Irène, mais elle atteignit aussitôt son porte-monnaie d’où elle retira un petit papier, contenant une boucle noire.

La main de Vincent tressaillit en la touchant.

Il revit par la pensée cette scène de l’hôtel Bozzo, si terrible dans sa solitaire tranquillité : l’assassin coupant ses cheveux devant l’armoire à glace, à deux pas du cadavre de la victime.

Il les reconnut, ces cheveux de jais, brillants et doux plus que ceux d’une femme.

— Tu n’as pas commis de faute, ma fille, dit-il en remettant à l’enfant la boucle avec la lettre.

Une parole hésita sur sa lèvre.

Il la retint parce qu’il avait dit vrai tout à l’heure : il ne pouvait pas confier son secret à sa fille.

Il y avait autour de sa fille une influence diabolique à laquelle une enfant de quinze ans devait être incapable de résister.