Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/411

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Il avait ses deux moitiés de modèle, Échalot et Similor, le premier, vertueux et nourrice du petit Saladin, dont l’enfance malheureuse s’écoulait dans une gibecière ; le second, père du même Saladin, mais dénaturé, frivole, adonné au libertinage et méprisant l’économie.

Échalot pouvait dire, du fond de son abnégation inépuisable :

— Sans que j’ai pour Amédée, qu’est le petit nom de Similor, l’amitié des Damon, au vis-à-vis des Pylade et Pythias qui m’aveugle à son égard, je casserais l’association dont je ne retire de lui que des crasses, toujours prodiguant notre paye à l’estaminet, licheur comme tous les singes du Jardin-des-Plantes, avec la boisson, le billard, qu’il n’y a pas plus panier percé que cet oiseau-là dans la capitale ! Lui faut des femmes, c’est son caractère. Il a eu les agréments de l’enfant avant sa naissance, avec la mère, moi, j’en supporte les frais, dans l’espérance qu’ayant tourné l’œil, elle nous contemple du haut des cieux, d’où elle reconnaît enfin sa faiblesse d’avoir été avec lui préférablement qu’avec moi, dans son délire, car n’y a pas à tortiller, il a le truc pour embobiner les cœurs !

Similor, doué de cette laideur parisienne qui séduit comme la beauté, brillant, effronté, vicieux et mettant du saindoux dans sa jaune chevelure quand il n’avait pas de pommade, représentait splendide-