Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/416

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— Écoute, reprit-il tout à coup, après avoir fait effort pour se recueillir, Irène n’a plus que toi. Il ne faut pas la juger sévèrement ; c’est une enfant, une pauvre enfant. Jure-moi que tu la protégeras !

— Est-il besoin de ce serment, mon père ? Irène n’est-elle pas à moi ? n’est-elle pas moi-même ?

— C’est vrai, c’est juste, elle est à toi. Je te l’avais destinée, je te la donne.

Il montra du doigt le paquet qu’il avait déposé sur un meuble en entrant.

— Tout ce que je possède est là-dedans, reprit-il, tout ce qui est là-dedans vous appartient à tous les deux : mes titres, mes valeurs ; moi, je n’ai plus besoin de rien.

— Mais, expliquez-vous, au nom de Dieu ! s’écria Reynier. Vous ne savez pas ce que vous me faites souffrir !

— Souffrir ! murmura Vincent, qui fixa sur lui un regard égaré. J’ai souffert comme je ne croyais pas qu’un homme pût souffrir. Je souffrirai encore davantage. Je vais partir ; tranchons le mot, je vais fuir. Ma vie est menacée.

— Par qui ?

— Par lui ! répéta Vincent dont le doigt crispé montrait le tableau de la galerie Biffi. Par l’assassin ! J’ai vu cela. Je te dis que j’ai vu cela ! Hier !

Reynier baissa les yeux. Il était navré. L’idée que