Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/449

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— Bien ! Tu ne sais pas comme je t’aime. Tu le sauras demain.

La comtesse Francesca se leva.

— Pas encore, dit le mourant, attends, je n’ai pas fini. Pendant toute cette journée, et la nuit prochaine qui sera ma dernière nuit, c’est toi qui commanderas ici. Ne crains rien. Ils n’oseront pas désobéir à mes ordres. Ils ne relèveront pas la tête avant de m’avoir vu cloué, avec des clous solides, entre les planches de mon cercueil. Tu diras ma volonté hautement, et nul n’ira contre ma volonté. Le feras-tu ?

— Je le ferai.

— Tu diras : Les derniers jours du Père ont été tourmentés par une crainte. Il a mis tant d’années à mourir qu’il doute de la mort. La mort peut hésiter en le frappant et s’y reprendre à plusieurs fois. Cela s’est vu, surtout pour les vieillards qui dépassent la limite ordinaire de l’âge. — Et le Père a plus de cent ans ! — Le Père veut, pour éviter la torture d’une inhumation prématurée, ou d’autres dangers qu’il ne spécifie pas, il veut que son corps soit isolé de toute approche, la nuit de son décès et le jour qui suivra. Son corps sera gardé et veillé par l’homme qu’il a choisi, lequel est un prêtre, changé seul de prier auprès du lit funèbre et de procéder aux soins de l’ensevelissement, après avoir fait les épreuves convenues entre lui et le Père. Te souviendras-tu.

— Je me souviendrai.