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C’était la charmante Francesca Corona, autrement dite Fanchette, qui venait voir sa petite amie Irène et son protégé Reynier, de la part du colonel, et, par conséquent, les mains pleines de bienfaits, car le saint vieillard de la rue Thérèse était la Providence faite homme.

Francesca, toute jeune qu’elle était, allait seule, comme une dame, dans les équipages de son aïeul. Le monde l’acceptait ainsi et lui faisait même un mérite de son originalité capricieuse et hardie.

Le monde ne demande jamais mieux que de bénir les travers des heureux, quitte à prendre sa revanche sur les vertus du malheur.

Francesca passait à bon droit pour être une des plus riches héritières de Paris. Elle avait droit d’excentricité ! elle aurait eu droit d’insolence, mais Dieu sait qu’elle n’usait point de ce dernier privilège.

C’était une tête étourdie et un cœur d’or. On s’étonnait parfois des mélancolies qui voilaient tout à coup le rayon de son sourire, car il n’y avait autour d’elle que des motifs de joie.

Quand elle était triste ainsi, elle était plus belle.

Mais ce n’était pas le poids d’un secret qui courbait son front rêveur. Elles ont souvent des pressentiments, les jeunes filles, à l’âge où l’enfant devient femme.

Elle n’avait point de secret. Elle allait devenir