Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/234

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Si les paupières d’André se fussent soulevées en ce moment, il aurait vu un apôtre à son chevet. Mais la comédie était prématurée. André devait mettre plus de temps que cela à s’éveiller.

« L’Amitié, dit le colonel d’un ton impérieux et froid, quand il eut constaté l’état du malade, il n’y a plus rien ici qui soit de votre compétence. La chose devient difficile et, par conséquent, me regarde. Ce sera ma dernière affaire. J’entends ma petite Fanchette : quel trésor ! Réflexions faites, L’Amitié, ce garçon-là pourra nous être utile un jour ou l’autre. Si M. Schwartz gagnait trop de millions et s’il devenait trop puissant…

— A-t-il parlé ? » s’écria Fanchette qui bondit, toute rouge de sa course, au milieu de la chambre.

Le colonel avait près du lit la posture d’un homme occupé à donner des soins. Fanchette lui sauta au cou.

« J’ai envoyé prévenir un médecin, dit-elle, n’importe lequel, et j’ai été chercher une voiture.

— Quelle enfant ! chanta l’aïeul.

— Et pourquoi une voiture ? demanda aigrement M. Lecoq.

— Parce qu’il est à moi, répondit Fanchette d’un ton péremptoire, parce que, sans moi, il serait encore mort, parce que je l’aime bien… autant que je te déteste, entends-tu, L’Amitié ?… parce qu’il va venir chez nous, n’est-ce pas, père, et que je lui donnerai tout ce que j’ai pour l’amuser !

— Tout va pour le mieux ! » dit M. Lecoq en ricanant.

Et le colonel avec admiration :

« Il n’y a pas deux enfants comme cela dans l’univers ! »

André Maynotte fut transporté à l’hôtel de la rue