L’effronterie était, chez lui, devenue aplomb, la brutalité rondeur, la fanfaronnade autorité : de sorte qu’on peut dire que le fond était resté le même, tout en s’épurant et se sublimant. M. Lecoq de la Perrière était tout uniment la quintessence éthérée de cet illustre Gaudissart, qui fut l’amphitryon de notre J.-B. Schwartz à l’auberge de Caen, dans les premiers chapitres de cette histoire.
Il était là, dans ses appartements privés, en conférence intime, non point avec le premier venu, mais bien avec M. le marquis de Gaillardbois. Voyez où mène la conduite ! un homme posé, un homme influent, un homme de ministère et même un peu de cour, lancé au mieux dans les affaires politiques et qui, disait-on, avait vendu très cher à la royauté quasi-légitime son passé de conspirateur vendéen. M. le marquis et M. Lecoq étaient ensemble dans des rapports familiers, cela se voyait ; M. le marquis fumait un cigare et buvait du scotch ale, commodément assis qu’il était et reposant ses pieds sur la tablette de la cheminée ; des pieds vernis comme un guéridon chinois ; M. Lecoq, demi-couché dans une causeuse, buvait du scotch ale et fumait une bonne grosse pipe albanaise à bout d’ambre. Il ne faut point que le choix du breuvage étonne. La bière est la boisson universelle des gens qui fument ; peuple ou princes. Un galant homme ne goûte jamais qu’une fois ces ignominies pharmaceutiques, inventées par les ivrognes américains, où l’alcool se mélange criminellement avec l’eau de Cologne et le vinaigre de la société hygiénique, sous le nom répugnant de grog.
M. Lecoq avait une robe de chambre de velours noir à cordelière d’or et doublée de satin cerise ; son habit de ville, à la boutonnière duquel brillait un ruban multicolore était jeté sur un meuble. Nous savons qu’il