Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/182

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— Parfaitement : c’est clair ; on a des sentiments et des intérêts. On garde les uns en soignant les autres. Le roi des Français est un homme sage, un philosophe, presque un savant…

— Est-ce que nous allons causer affaires d’État ? demanda Gaillardbois sincèrement étonné.

— Il y a à boire et à manger dans notre histoire, répondit M. Lecoq. C’est large comme le champ de Mars ; c’est profond comme…

— Et vous voudriez arriver au ministre ? » l’interrompit Gaillardbois.

M. Lecoq laissa tomber sur lui un superbe regard.

« Je vous parle du roi, dit-il paisiblement. Je lâcherais volontiers quatre ou cinq cents louis pour être reçu un petit instant aux Tuileries, en tête à tête.

— Mais c’est donc quelque chose de sérieux tout à fait ! s’écria le gentilhomme dont les yeux brillèrent.

— Or, poursuivit M. Lecoq, je ne jette pas mes louis par la fenêtre. Il y a une chose, cher monsieur, qui doit servir de garantie à tout homme qui traite avec moi : c’est que je ne me pose pas en philanthrope. Je n’ai absolument aucun désir de faire votre fortune. Seulement, il se trouve que votre fortune à faire me donne un point à marquer : profitez-en, si vous voulez.

— Ce que je voudrais, grommela le marquis, s’il vous était possible, une fois en votre vie, de parler clair et net, ce serait une explication !

— À vos ordres. Explication algébrique, bien entendu ; car, n’ayant pas de brevet, je dois craindre les contrefaçons. Je disais donc que le roi des Français, avec de très grandes qualités, possède aussi certaines faiblesses. La mieux conditionnée parmi ces faiblesses est la passion qu’il a de rallier à tout prix les partisans de la légitimité…