Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/45

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Hurons de nos lacs de boue, nous vous les montrons tels quels, sans opérer de retouche au moulage sur nature. Quiconque aura vu deux Iroquois de ruisseau qui ne seront précisément ni Similor ni Échalot, dira : invention. Devant Dieu et devant les hommes, nous jurons pourtant qu’ils vous ont offert des chaînes de sûreté sur le boulevard Saint-Martin.

« Amédée ! murmura cependant Échalot, tu vas me payer ça de m’avoir entraîné dans une démarche inconséquente… La paix, Saladin, puceron !

— Sois calme, bonhomme, repartit Similor doucement. On a la parole pour expliquer sa pensée.

— N’y a pas d’affront, reprit-il avec dignité en s’adressant aux deux rieurs. J’ai cru que vous ne seriez pas fâchés d’avoir un jeune homme de plus aux mêmes prix et facilités de payement pour la chose des mystères. On ne tient pas par goût à répandre le sang des semblables, ne l’ayant jamais versé jusqu’à ce jour…

— Comme c’est ça ! pleura Maurice malade de joie.

— Idéal ! idéal ! balbutia Étienne, qui se pâmait.

— Que néanmoins on n’est pas des nègres esclaves pour faire rire de soi impunément, poursuivit Similor dont la joue rougit légèrement.

— Et que si vous voulez, éclata Échalot, modernes et blancs-becs au biberon Darbo, rien dans les mains, rien dans les poches, on va vous jouer une partie carrée de tatouille, ici ou dans la rue, à la volonté de ces messieurs ! »

En même temps, il décrocha Saladin d’un geste violent, le posa par terre entre les pieds d’une chaise, et frotta énergiquement ses mains contre la poussière du plancher.

Similor n’eut que le temps de le saisir à bras le corps pour l’empêcher de bondir comme un lion.