Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/47

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Son regard s’arrêta sur l’une des deux chaises restées vacantes.

« Asseyez-vous si vous voulez, voisin, dit Étienne assez lestement. Est-ce que, par hasard, nous serions à échéance ? »

Maurice ajouta d’un ton presque provoquant :

« Je ne savais pas que nous fussions ensemble à ce point d’intimité d’entrer sans frapper les uns chez les autres. »

Au lieu de répondre, M. Bruneau continuait à examiner la chaise.

« Je connais des tas d’histoires, prononça-t-il entre haut et bas. »

Nos deux amis se regardèrent étonnés.

« L’affaire de la lettre de change, reprit le voisin paisiblement, ne vient que fin novembre. Nous avons du temps devant nous. Est-ce que ce n’est pas ici chez M. Michel ?

— La chambre à côté, » répondit Étienne.

L’œil de Maurice interrogeait. Le voisin opposa à son regard sa prunelle lourde et terne.

« Il y a longtemps que vous n’avez vendu d’habits, dit-il. Je suis toujours dans la partie. »

Puis, sans transition, il ajouta :

« On trouve quelquefois des choses curieuses dans les poches des vieux habits… Je connais des tas d’histoires. »

Il alla prendre la chaise qu’il lorgnait depuis son entrée et répéta en l’apportant :

« Des tas d’histoires !

— Et c’est pour nous raconter des histoires ?… » commença Maurice.

M. Bruneau l’interrompit sans façon.

« Alors, demanda-t-il, M. Michel n’est pas à la maison ?