Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/48

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— Vous le voyez bien, » répliqua sèchement Maurice.

Étienne, en proie à son idée fixe de théâtre, se promettait déjà de reproduire ce type quelque part.

« Il ne rentrera pas de bonne heure ? demanda M. Bruneau.

— Non.

— J’entends bien. Mais, par exemple, il sortira le potron-minet. On ne mène pas une vie semblable pour son plaisir. »

À l’aide d’un large mouchoir à carreaux qu’il tira de sa poche, il donna un soigneux coup d’époussette à sa chaise et poursuivit en s’adressant à Maurice :

« Vous avez grande envie de vous fâcher, mon voisin. Ce serait un tort. Vous êtes tout jeunes, vous deux. Je me connais un peu en physionomies. Vous devez avoir bon cœur…

— N’empêche, s’interrompit-il en secouant son mouchoir, qu’il y avait drôlement de la poussière. La femme de ménage ne vient donc plus ? — Non. — Ah ! dame, les valets de chambre comme Similor, ça salit au lieu de rapproprier. »

Il s’assit avec précaution, en homme qui n’accorde pas aux quatre pieds de son siège une confiance illimitée.

Nous devons faire remarquer tout de suite que ces choses étaient dites et faites naïvement, pesamment, pacifiquement surtout, et de manière à éloigner l’ombre même du soupçon d’un parti pris d’insolence.

Étienne pouvait avoir raison ; ce bonhomme était peut-être un type, pour employer encore une fois, dans son sens convenu, cette expression emphatique et niaise, inventée de compte à demi par le roman à deux sous le tas et le théâtre en guenilles. Au premier aspect, cependant, il n’en avait pas l’air. Il faisait l’effet,