Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/111

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Hugues, le cousin, arrive, se précipite vers nous. Autre affaire ; Hugues n’était qu’un hôte de la maison, il n’avait aucun droit sur moi ; je lui donne la mesure de mon poing : Autant être pendu pour un bœuf que pour un mouton ! dit le proverbe. Me bornant à la défensive avec Covey, j’adresse au cousin un atout qui l’envoie, courbé en deux, toiser le sol à distance.

Bouffi, écumant :

— Persistes-tu dans ta résistance ? balbutie Covey.

— J’y persiste. Advienne que pourra.

Mon homme alors s’étend, s’allonge, rampe vers son gourdin tombé sur le seuil et m’y traîne avec lui ! D’un revers, je l’aplatis dans la cour aux vaches : Il avait choisi son champ clos, je choisissais le mien. — Le duel continuait. Si Covey déroidissait les doigts, je m’échappais ; si j’ouvrais les miens, il me sautait dessus, et m’attachait !

Mais voici que Billy, en congé la veille, paraît au détour du sentier.

— Billy ! ici ! Billy ! crie l’homme.

Billy s’approche, insouciant, musant, se dandinant — la scène tournait au burlesque — d’un air niais :

— Que voulez-vous, maître Covey ?

— Ce que je veux ? Prends ce bandit, prends-le !

Secouant la tête, d’un geste qui lui était familier :

— Je vais à l’ouvrage ! répond Billy.

— Ton ouvrage, coquin, c’est de m’obéir ! Prends ce bandit !

— Mon maître m’a loué à vous pour travailler, non pour vous aider à battre Fred.